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LE PARRAIN

 

Ma chère Juliette,

 

Cela fait déjà plus de dix ans que nos chemins se sont croisés pour la première fois !

C’était autour de « Brooklyn Boy », texte magnifique de Donald Marguliès que j'eus la chance de créer au théâtre de la Comédie des Champs Élysées. Tu étais alors l’assistante du metteur en scène; fonction souvent ingrate, tu en conviendras! Première oreille à recevoir les angoisses, les pleurs, la rage parfois, les frustrations et souvent même le désespoir du petit monde qui erre sur le plateau de la 1ère répétition jusqu’à la 1ère représentation au public…personnage donc essentiel que l’assistante, dont on oublie pourtant l’existence dés lors que le spectacle est lancé! A quelques exceptions près…dont la nôtre! Je ne trahirai pas un secret que nous avons brillamment protégé jusqu’ici (!), mais tu as été un personnage de l’ombre fondamental au bon déroulement et au succès de ce spectacle. De là est née nôtre complicité et notre amitié…sur ce terrain brûlant et passionnel qu’est celui de la création.

Je n’ai donc pas été surpris d’apprendre quelques temps plus tard que tu venais de créer ton Cours. Bienheureux les apprentis actrices et acteurs qui allaient prendre le chemin de ta classe! Il n’y a pas grand chose qui sépare un professionnel d’un amateur dans nôtre métier…presque rien, une fulgurance... l’instant où l’on trouve le courage - qui tout d’un coup n’en est plus un - de dire merde à son patron ou merci à ses parents et de se jeter léger et libre comme l’air dans un gouffre, qui pour le reste du monde est juste terrifiant ! C’est un moment extraordinaire, qui nous plonge dans une euphorie sans égale, où l’on se sent soudain insubmersible…heureux d’être enfin différent et si fort que plus aucune des douleurs du monde ne nous effraie. Tout devient évidence. Cet instant magique nous le devons presque toujours à la femme ou à l’homme qui le premier nous a ouvert les portes de sa classe…notre premier guide; celui là a une grande responsabilité; de lui peut dépendre le bonheur de toute une vie. J'ai surmonté personnellement des montagnes de doutes et résisté à la tentation de dire, plusieurs fois, adieu à ce métier parce que le délicieux petit poison que m’avait donné à boire mes premiers maitres Yves Le Moign’ puis Yves Pignot était dosé comme il faut: générosité, audace, exigence, curiosité et plaisir du jeu. Je sais, ma chère Juliette, que tes élèves gouteront aux mêmes ingrédients et que tu les prépares ainsi aux plus grandes émotions. Merci de m’accueillir comme Parrain de cette seconde édition du Printemps des Arts….

 

Stéphane Freiss

 

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